S’IL VOUS PLAÎT NE M’OBLIGEZ PAS A DEVENIR LE PLUS GRAND DES POÈTES

“Le vocabulaire sonne dans toutes ses variations, nous rend funambules, toujours à une commissure de lèvre d’embrasser l’horizon de l’auteur. Mais si l’on dévale bien souvent le mont du sens duquel on avait cru venir à bout, on partage cette besogne avec l’auteur, premier de la cordée, premier forçat. Poème après poème. C’est que l’affaire n’est pas mince, et que le temps se raréfie. Déjà l’on se sent rattrapé par le crépuscule.

Il y a dans ces lignes, un fanfaronnement jouissif, la manifestation d’une ambition, d’un désir de puissance assumé : c’est une nouvelle forme de liberté qu’il nous offre. Le texte propose son deal au lecteur : celui de prendre la mesure de ses rêves, pour lui, pour nous. Car derrière l’expérience subjective de la confrontation à la création poétique se masse le « lecteur collectif », invité lui aussi à fourbir ses armes. Opération de rassemblement affirmée paradoxalement par le JE, sorte de matraque qui finit par consacrer la normalité par sa violence d’affirmation. Dans ce JE se cache une multitude : des parasites qui se servent de l’enveloppe charnelle de Stéphane Casenobe pour dire.

Mais que dire ?

Dire comment le poète trépigne, ressent, renifle les noirceurs et les confluences dangereuses de la modernité. Dire la poésie en train de se faire. Dire pour s’échapper, pour s’écharper, pour s’emmerder. Dire pour exister.” 


Extrait de la préface de Kévin Balouin

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